Chapitre 7 - Ouvrages hydrauliques

7.1 - La prévention des accidents sur les ouvrages hydrauliques

Un ouvrage hydraulique est un ouvrage assurant la gestion d’un écoulement. Ce peut être un simple dispositif permettant à un cours d’eau de s’écouler sous une voie ferrée ou routière ou un ouvrage plus complexe, comme un barrage ou un système d’endiguement
Ce sont les gestionnaires qui sont responsables des ouvrages. Ils ont des obligations réglementaires à respecter afin de garantir la sûreté des ouvrages et prévenir tout risque d’accident pouvant engendrer une libération rapide d’une importante quantité d’eau dans la zone située à l’aval de l’ouvrage (décret n°2007-1735 du 11 décembre 2007). L’Etat assure le contrôle de sécurité de second niveau des ouvrages hydrauliques, afin de s’assurer que les gestionnaires satisfont bien aux exigences réglementaires imposées.


Historique des différentes catastrophes qui ont marqué le territoire :

 

  • 1840, 1856 : crues du Rhône et inondations entre le nord du Vaucluse et la mer ;
  • 1959 : rupture du barrage de Malpasset (432 morts dans la ville de Fréjus) ;
  • 1992 : crues extrêmes ayant entraîné des dégâts sur les digues des cours d’eau du Sud-ouest Mont Ventoux ;
  • 1993, 1996 et 2020 : crues à régime torrentiel sur les vallées de la Roya, la Tinée et la Vésubie ;
  • 1994 : rupture de digues en basse Durance et en Camargue ;
  • 1993 et 2003 : rupture des digues de protection de la ville d’Arles sur le Rhône.

Les ouvrages de protection contre les inondations

Depuis 2018, la gestion des ouvrages de protection contre les inondations revient à l’autorité compétente (communauté de communes, agglomération, syndicat de rivière…) en matière de Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des inondations (GEMAPI). L’autorité compétente peut ou non s’appuyer sur des ouvrages pour assurer sa mission. Les ouvrages de protection contre les inondations sont :

  • soit naturels (zones d’expansion des crues, cordons dunaires) ;
  • soit anthropiques (digues, systèmes d’endiguement, infrastructures de transport, barrages écrêteurs de crues…).

Les ouvrages de protection contre les inondations ont vocation à protéger les personnes et les biens contre les inondations ou les submersions marines causées par les grandes marées. Leur bon entretien est primordial car, en cas de rupture, ils peuvent représenter un sur-aléa non négligeable pour les populations riveraines.

Les digues

Les digues sont des ouvrages surélevés qui ont vocation à protéger les personnes et les biens contre les inondations ou les submersions marines causées par les grandes marées. Leur bon entretien est primordial car, en cas de brèche, les digues peuvent représenter un sur-aléa non négligeable pour les populations riveraines.

   

   

Source : DREAL PACA, Les remparts d’Avignon qui constituent un système de protection contre les inondations Comparaison en eau et sans eau

   

Source : DREAL PACA, Endiguement du Reyran dans la traverse de Fréjus

   

Si les ouvrages de protection sont le plus souvent constitués de remblais en terre, ils prennent aussi parfois la forme de murs en maçonnerie (aménagements de quais par exemple). La plupart de ces ouvrages sont très anciens et façonnent le paysage depuis des décennies. Pour autant une surveillance rapprochée est nécessaire à la détection de toute anomalie ou irrégularité pouvant être le signe d’un mauvais fonctionnement de l’ouvrage de protection. En effet, en cas de crue, toute fragilité de la digue peut conduire à sa rupture, qui aggraverait alors l’impact de cette crue en libérant une « vague », dont les conséquences peuvent être très graves sur les bâtiments situés à l’aval.

Environ 2 000 km d’ouvrages en remblai bordant les cours d’eau ou le littoral, et donc considérés comme des digues, ont été recensés sur toute la région PACA en 2015.

Depuis 2018, la gestion des digues revient à l’autorité compétente. Les tronçons de digues dont l’utilité sera reconnue par le GEMAPI en seront amenées à devenir des systèmes d’endiguement, ce afin de gérer le risque d’inondation à une échelle cohérente. En PACA, cela représente 300 systèmes d’endiguement potentiels 38 sont déjà autorisés, 40 sont en instruction. Ce travail de classement a vocation à se poursuivre et à défaut les ouvrages qui ne sont pas reconnus comme utiles pour la prévention contre les inondations ont vocation à être neutralisés.

Les barrages

Les barrages sont destinés à stocker l’eau afin de satisfaire différents usages comme l’hydro-électricité, l’irrigation, la production d’eau potable, l’alimentation des canaux de navigation, l’écrêtement des crues, la lutte contre l’incendie ou encore la production de neige artificielle. Des activités de loisirs se sont également parfois développées sur et autour du plan d’eau créé par le barrage comme la pratique des sports nautiques, de la pêche, ou le tourisme. Un barrage n’est pas inerte. Il vit, travaille et vieillit en fonction des efforts auxquels il est soumis. Le risque majeur lié à la présence d’un barrage est la rupture, entraînant l’inondation de la vallée en aval. Si ce type de catastrophe est exceptionnel en Europe de l’Ouest, avec 6 cas depuis 1900, le suivi des barrages reste primordial. C’est ainsi que la DREAL PACA assure le suivi de 150 barrages classés.

   

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Source : DREAL PACA, Barrage d’Espinasses au pied du barrage de Serre-Ponçon

   

Répartition des 150 barrages en région PACA :
  • 18 % de classe A, dont Serre Ponçon, Bimont, la Laye, Les Mesce, Dardennes, Le Paty ;
  • 24 % de classe B, dont Carcès, Zola, St Cassien, Maison du Roy, Canal de Beaumont, Donzère ;
  • 58 % de classe C dont la Tardée, les Orres, Isola 2000, Le Peirou, Galoupet, Rustrel.

   

   

Selon leur volume (plus de 15 millions de m3) et leurs caractéristiques particulières (hauteur supérieure à 20 m), les barrages doivent être couverts par un Plan Particulier d’intervention (PPI). Ces plans sont élaborés par les préfets à partir d’une analyse des risques et d’un calcul d’onde de submersion réalisés par l’exploitant et validés par le Comité Technique Permanent des Barrages et des Ouvrages Hydrauliques (CTPBOH). Les barrages de PACA concernés par un PPI sont : Bimont, Castillon/Chaudanne, Saint-Cassin, Serre-Ponçon
Pour tout ouvrage, que ce soit digue ou barrage, la fréquence des contrôles est adaptée aux enjeux et à l’histoire de l’ouvrage. Les contrôles sont plus fréquents sur les grands barrages et les systèmes qui protègent beaucoup de personnes et sur les ouvrages en travaux ou qui ont connu des dégradations identifiées. L’inspection intervient à minima tous les 2 ans sur les ouvrages de classe A, tous les 5 ans sur les ouvrages de classe B et tous les 10 ans pour les classes C.
Lorsque la capacité nominale d’un ouvrage hydraulique (barrage ou système de protection) est dépassée, ou lors d’évènements jugés extrêmes, ce dernier représente alors un risque pour les personnes et les biens situés à proximité ou à l’aval. De ce fait, l’Etat réglemente et fait contrôler ces ouvrages, par le service d’inspection de la DREAL spécialisé dans les ouvrages hydrauliques et la police de l’eau de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM)
Pour résumer, les inspecteurs en charge des ouvrages hydrauliques dans la région PACA, agissent par :

  • Des contrôles réguliers (programmés ou inopinés) sur le respect de la réglementation par la documentation ou des visites de terrain ;
  • L’instruction de documents réglementaires, avis sur des dossiers d’autorisation ;
  • L’appui au Préfet en cas de crise en lien avec les ouvrages hydrauliques ;
  • Le pilotage de l’animation régionale sur les ouvrages hydrauliques (Club OH).

   

Source : DREAL PACA, Barrage de Serre-ponçon