Chapitre 2 - Émissions, rejets et prélèvements dans les milieux

Les analyses pourvues dans ce chapitre proviennent de GEREP, base de données à destination des exploitants d’établissements visés par une obligation de déclaration annuelle des émissions polluantes lorsqu’elles dépassent certains seuils d’émission fixés pour chaque polluant et chaque déchet : établissements industriels, élevages, carrières, stations d’épuration urbaines, sites d’extraction minière (arrêté du 31 janvier 2008 relatif au registre et à la déclaration annuelle des émissions et de transferts de polluants et des déchets). Son utilisation permet de déclarer les émissions relatives aux domaines suivants :

  • « Eau » : déclaration des émissions dans l’eau et des prélèvements ;
  • « Air » : déclaration des émissions dans l’air et déclaration des émissions de gaz à effet de serre pour les établissements concernés ;
  • « Déchets » : déclaration de production de déchets dangereux et traitement des déchets dangereux et non dangereux pour les installations concernées ;
  • « Sol » : déclaration des rejets de polluants dans les sols (épandage).

2.1 - Air : quelle est la situation régionale de la pollution due aux émissions industrielles ?

Emissions dans l’air

Les composés organiques volatils (COV), les oxydes d’azote (NOx), le dioxyde de soufre (SO2), le dioxyde de carbone (CO2), les poussières, les métaux et les dioxines/furannes sont des substances pouvant être émises dans l’air par les industries. Le dioxyde d’azote, les particules fines et l’ozone sont les principaux polluants observés dans la région. Les installations concernées par la pollution de l’air sont soumises au respect de valeurs limites à l’émission (VLE) et des conditions de rejet. Ces valeurs, la localisation des points de rejets et les modalités de surveillance, imposées dans le code de l’environnement, sont précisées dans les arrêtés préfectoraux de chaque installation. Des actions de réduction ponctuelles peuvent aussi être imposées lors des pics de pollution notamment des pics de pollution à l’ozone, dont la formation résulte de la combinaison des émissions de COV et de NOx dans l’atmosphère.

   

Source : Mignaux Laurent/Terra, Torchère

   

Les substances rejetées peuvent avoir des conséquences directes sur les êtres vivants par inhalation, mais aussi par retombées sur les sols et incorporation par ingestion. Les valeurs limites d’émissions sont déterminées pour chaque substance et en fonction du contexte de l’installation (son environnement, la qualité de l’air environnant…) afin de limiter les conséquences sur la santé humaine et l’environnement.

L’inspection vise à inciter les industriels à réduire les émissions des établissements émetteurs par l’abaissement des valeurs limites d’émission des principaux émissaires, le plus souvent après étude de faisabilité préalable, sur la base des meilleures techniques disponibles. Outre les valeurs limites à l’émissions, les exploitants peuvent être contraints à mettre en place une surveillance de l’environnement pour évaluer l’impact de leurs émissions.

   

Exemples de substances émises dans l’air et leurs impacts :

Les poussières totales : les sources de particules sont très nombreuses et elles ont des proprié­tés très variées en fonction de leur granulométrie et de leur composition chimique. Les poussières totales ou TSP regroupent toutes les particules ayant un diamètre inférieur à 100 μm environ. Les poussières émises par les activités industrielles sont libérées notamment par la combustion maîtrisée mais incomplète des combustibles fossiles et de la biomasse (carburants, chauffage résidentiel ou procédés industriels).

   

   

Les oxydes de soufre (SOx) : ils proviennent de la combustion des combustibles fossiles contenant du soufre (fuel lourd, fuel domestique, charbon). Le dioxyde de soufre est un gaz irritant pour les yeux et les voies respiratoires, susceptible d’aggraver les troubles cardio-vasculaires. Les symptômes respiratoires sont accrus lorsque les oxydes de soufre sont associés à des teneurs simultanément élevées en particules. Le dioxyde de soufre est également à l’origine des pluies acides.

   

   

Les oxydes d’azote (NOx) : Ils sont notamment émis lors de la combustion (chauffage, électricité, moteurs thermiques des véhicules…). Ils incluent le dioxyde d’azote qui est un gaz toxique et irritant les bronches et pouvant entraîner infections pulmonaires et crises d’asthme. Les NOx participent aussi à l’acidification des milieux et l’eutrophisation jusqu’à réduire notre biodiversité.

   

   

Les Composés Organiques Volatiles (COV) : Il s’agit de tout composé contenant au moins l’élément carbone et un ou plusieurs des éléments suivants : hydrogène, halogènes, oxygène, soufre, phosphore, silicium ou azote. Ils peuvent provoquer des irritations, une diminution de la capacité respiratoire et des nuisances olfactives. Certains sont considérés comme cancérogènes (benzène, benzo-(a)pyrène) ou reprotoxiques. Les COV entraînent aussi des impacts directs et indirects sur l’environnement. Si la moitié est issue de sources naturelles, l’autre provient des transports et de l’industrie.

   

   

Focus : Les arrêtés préfectoraux complémentaires COV (« APC COV »)

   

Suite à de nombreuses études sanitaires réalisées sur la zone de l’étang de Berre, des relations ont été mises en évidence entre la pollution de l’air et l’état sanitaire de la population locale. Aussi, et sur la base du retour d’expériences de pratiques des industriels, le préfet du département des Bouches-du-Rhône a adopté à partir de 2018 une série de prescriptions réglementaires complémentaires destinée à contraindre 16 sites industriels des secteurs de la pétrochimie, du raffinage et de la chimie, à mieux caractériser leurs émissions de Composés Organiques Volatils (« COV »), à les réduire et mieux les surveiller dans l’environnement. Les COV se caractérisent en effet par une grande volatilité et des impacts sanitaires directs, en tant que substance toxique, ou indirects, en générant des rejets d’ozone.

Les objectifs de ces arrêtés préfectoraux complémentaires COV (« APC COV ») sont de définir, connaître, caractériser et quantifier les sources d’émissions de polluants organiques volatils à risques santé environnement afin de les réduire. Il s’agit ainsi de compléter la surveillance des substances qui présentent des risques en termes de santé-environnement par la mise en place d’outils d’évaluation de l’impact sanitaire des COV répondant à des normes d’exigence forte.

Ces arrêtés prescrivent ainsi des dispositions qui nécessitent des investissements supplémentaires importants de la part des industriels concernés. Les APC COV dans la zone de Fos ont établi des normes d’émissions strictes pour les industries et ont renforcé les mesures de surveillance et de contrôle des émissions de COV. Ces mesures visent à protéger la santé publique et l’environnement en limitant les impacts des émissions de COV dans la zone industrielle de Fos. Ces arrêtés sont des instruments importants pour réglementer les émissions de COV et réduire leur impact sur l’environnement et la santé publique.

   

Les poussières PM10 : Les poussières ayant un diamètre inférieur à 10 μm (PM10) sont majoritairement issues de toutes les combustions incomplètes liées aux activités industrielles ou domestiques, aux transports, à l’agriculture… Elles sont retenues au niveau du nez et des voies aériennes supérieures. Les plus fines particules (PM2,5), formées dans l’atmosphère par des réactions physico-chimiques, peuvent irriter les voies respiratoires ou altérer la fonction respiratoire, surtout chez l’enfant et les personnes sensibles. Ces particules sont responsables des irritations bronchiques allant de la toux à l’exacerbation de crise d’asthme, voire à une mortalité précipitée des personnes souffrant de pathologie respiratoire ou vasculaire et notamment de bronchoconstriction et peuvent également entrainer des problèmes cardiaques.

   

   

Les métaux lourds : Les sources humaines sont principalement liées aux activités métallurgiques (extraction minière, aciérie, transformation manufacturière…), de combustion (production énergétique ou incinération de déchets) et aux transports routiers. Ils peuvent affecter le système nerveux, les fonctions rénales, hépatiques, respiratoires… Certains, comme le cadmium, l’arsenic, le nickel et le chrome hexavalent sont cancérigènes.

   

   

Les dioxines et les furanes : Les dioxines et les furanes sont reconnus comme cancérigènes. L’exposition à court terme à de fortes concentrations de ces substances peut être à l’origine de lésions de la peau et altérer les fonctions du foie. Une exposition à long terme peut mener à différents problèmes des systèmes immunitaires, nerveux, endocriniens et reproductifs.

   

   

Les Plans de Protection de l’Atmosphère (PPA)    

Des Plans de Protection de l’Atmosphère (PPA) encadrent, sur les territoires les plus denses et exposés, les émissions de particules fines et d’oxyde d’azote en particulier. L’objectif est de réduire durablement les émissions de polluants atmosphériques et de maintenir ou ramener les concentrations en polluants à des niveaux acceptables pour tous secteurs d’activités confondus (ménages, agricultures, transports et industries). La région PACA est partiellement couverte par 4 PPA : agglomération d’Avignon, métropole de Toulon, bande littorale des Alpes-Maritimes et Bouches-du­ Rhône.

   

Les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA)    

Constituées dans les années 1970, les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) sont présentes dans chaque région administrative en métropole et en outre-mer. Ce sont des organismes de la surveillance de la qualité de l’air agréés par l’État. AtmoSud (ex-Air PACA) est l’AASQA pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est une structure associative qui regroupe quatre collèges d’acteurs : collectivités territoriales, services de l’Etat et établissements publics industriels associations de protection de l’environnement et de consommateurs et de personnalités qualifiées et/ou professionnels de la santé. Chaque AASQA est chargée, à l’échelle de sa région, de missions de surveillance, d’évaluation et de prévision de la qualité de l’air ambiant pour de nombreux polluants, d’information (y compris du public) sur la qualité de l’air observée et prévisible et de récolte et fourniture des données sur la qualité de l’air afin d’aider à l’élaboration des politiques publiques.

     

Source : Mignaux Laurent/Terra, Cheminée d’un centre d’incinération à valorisation énergétique

FOCUS : Les gaz à effets de serre – focus sur les quotas CO2

Le Système d’Echange de Quotas d’Emissions de gaz à effet de serre (SEQE) est un outil réglementaire mis en place par l’Union européenne depuis 2005 pour mesurer, contrôler et réduire les émissions de gaz à effet de serre (CO2 principalement) de son industrie et de ses producteurs d’électricité. En application de cette réglementation européenne, chaque année, les installations concernées :

  • perçoivent un certain nombre de quotas gratuits calculés sur la base de leurs niveaux d’activité qu’ils doivent surveiller et déclarer à l’autorité compétente ;
  • restituent un nombre de quotas correspondant aux émissions annuelles de gaz à effet de serre qu’ils doivent surveiller et déclarer à l’autorité compétente (1 tonne de CO2 = 1 quota d’émission). C’est à l’inspection des installations classées de contrôler les déclarations faites par les industriels tant pour les niveaux d’activité que pour les émissions annuelles de gaz à effet de serre.

Pour en savoir plus sur la pollution de l’air et sur le dispositif Réponses.

   

Le dispositif RÉPONSES

Depuis 2018, la DREAL est partie prenante, avec le SPPPI, du dispositif REPONSES (RÉduire les POllutioNs en Santé Environnement) pour faire face à la pollution de l’étang de Berre et renforcer la concertation avec les citoyens.

   

   

Le territoire de l’étang de Berre concentre 300 000 habitants, une forte industrialisation, des infrastructures de transport multiples et conséquentes, aux portes des parcs régionaux des Alpilles et de Camargue. Plusieurs études récentes ont renforcé les préoccupations et inquiétudes des effets de la pollution sur la santé et l’environnement de ce territoire. Dans ce contexte, plusieurs parties prenantes ont souhaité se saisir à-bras-le-corps de la question de l’impact sanitaire des pollutions environnementales. Elles se sont mobilisées collectivement pour donner naissance à un projet collégial et répondre aux attentes des populations en Santé et Environnement. Avec le projet « RÉPONSES », le SPPPI se saisit de façon innovante de la question Santé-Environnement sur le territoire et cherche à toucher le plus directement possible les habitants des 21 communes du pourtour de l’étang de Berre.

   

2.2 - Une réglementation spécifique concernant la légionellose

Les légionelles sont des bactéries qui prolifèrent dans l’eau douce. Elles peuvent notamment proliférer dans les tours de refroidissement dites aéroréfrigérantes (TAR) depuis lesquelles, elles sont dispersées dans l’air. On parle de légionellose quand cela conduit, chez l’humain, à une infection bactérienne respiratoire qui peut prendre une forme de pneumopathie sévère, voire mortelle dans 15 à 20% des cas. Concernant la légionellose, la réglementation est spécifique aux risques encourus. Les prescriptions, dictées par des arrêtés ministériels du 13 décembre 2004 pour limiter la prolifération de légionelles dans les circuits de refroidissement, imposent :

  • une analyse méthodique des risques de développement de légionelles prévoyant la réalisation d’un plan d’entretien préventif, de nettoyage et de désinfection et la réalisation d’un plan de surveillance, visant à maintenir en permanence la concentration en légionelles à un niveau inférieur à 1 000 UFC/L (unité formant colonie) ;
  • des analyses régulières en légionelles sur les installations ;
  • un plan d’actions correctives à mettre en œuvre dès que les seuils de certains paramètres sont dépassés.

En cas de dépassement, l’exploitant est tenu d’arrêter immédiatement son installation pour éviter la prolifération de légionelles. Il doit ensuite réaliser une vidange, un nettoyage et une désinfection de l’installation. Des contrôles inopinés en légionelles dans les circuits sont réalisés par des laboratoires agréés. Il y a eu 21 contrôles inopinés cette année dans la région sur 320 TAR.

   

Image

Source : Mignaux Laurent/Terra, Installations industrielles, usine de fabrication de produits azotés et d’engrais, rideau d’eau destinée à éviter les émissions et signalétique liée aux risques de légionnellose

2.3 - Eau : quelle est la situation régionale de la pollution due aux rejets industriels ?

Maitriser de la consommation d’eau et gestion de la sécheresse

La préservation de la ressource en eau est également un enjeu important. Il est traité par l’inspection des installations classées à plusieurs niveaux :

  • en période normale, l’inspection des installations classées vérifie que les plus gros consommateurs et préleveurs ont fourni les efforts nécessaires pour réduire au maximum leur consommation. Des prescriptions dans les autorisations précisent les quantités maximales à prélever et les points de prélèvement (que ce soit des réseaux d’eau potable, industrielle, prélèvement dans la nappe ou les cours d’eau). La mesure des quantités utilisées est obligatoire. Si des efforts supplémentaires peuvent être engagés, l’inspection des installations classées peut les demander à l’exploitant à travers ses inspections ou par la prescription d’une étude technico-économique ;
  • en période de sécheresse, l’enjeu est la réduction de la consommation d’eau. L’arrêté ministériel du 30 juin 2023 relatif aux mesures de restriction impose aux établissements ICPE soumis au régime de l’autorisation ou de l’enregistrement et prélevant plus de 10 000m3/an des mesures de restriction proportionnées aux différents seuils de déclenchement d’alerte sécheresse. Les Préfets de département et de région peuvent adapter localement ces dispositions via l’arrêté cadre départemental (ACD) et/ou l’arrêté cadre interdépartemental.

   

Gestion de la sécheresse

 

L’arrêté-cadre départemental relatif à la gestion de crise en situation de sécheresse a pour objectif d’assurer la planification en local des mesures de limitation et de restriction des différents usages de l’eau. Il est basé sur le franchissement de seuils de déclenchement fixés préalablement et suivis à partir de mesures sur le milieu (débit des cours d’eau ou niveau de la nappe d’eau souterraine). Ces seuils entraînent des adaptations dans les usages de l’eau, selon le niveau de gravité atteint : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise. L’arrêté-cadre est pluriannuel et ne s’applique qu’à travers les arrêtés départementaux de restriction temporaire des usages de l’eau. Les installations classées sont soumises à ces mesures de limitation ou de suspension provisoire des usages de l’eau, dès l’atteinte du premier niveau de gravité de la sécheresse.

       

Mesures individuelles spécifiques aux installations classées

Pour le secteur industriel, le cadrage régional pour les mesures prévues par les arrêtés-cadres sécheresse est le suivant :

Régime général :

  • alerte : réduction des prélèvements d’eau (auquel il est possible de retrancher le rejet s’il est fait dans le même milieu) de 20 % (ou 10 % dans le cas de ressource stockée) ;
  • alerte renforcée : réduction des prélèvements d’eau (auquel il est possible de retrancher le rejet s’il est fait dans le même milieu) de 40 % (ou 20 % dans le cas de ressource stockée) ;
  • crise : les mesures du niveau de gravité « alerte renforcée » s’appliquent par défaut. Des dispositions plus contraignantes pourront être prises par arrêté préfectoral.

Adaptation possible de ce régime général dans 2 cas :

  • L’établissement dispose de restrictions déjà prescrites dans un arrêté préfectoral conduisant à une diminution effective selon les niveaux de gravité de sécheresse. L’arrêté préfectoral d’autorisation prévaut alors ;

  • L’établissement a mis en place un plan de sobriété hydrique (PSH) dont le contenu est défini par l’inspection des installations classées. L’établissement doit notamment définir, dans le PSH, des mesures quantifiées de diminution de ses prélèvements pour chaque niveau d’alerte. Il est tenu à la disposition de l’inspection des installations classées (IIC). Le préfet peut décider de lever cette adaptation s’il considère que les mesures de réduction, en période de sécheresse, proposées dans le PSH sont insuffisantes.

Les arrêtés-cadres sécheresse sont disponibles sur le site de la préfecture du département du lieu dont on veut connaître les restrictions. On trouve également sur le site les arrêtés de restrictions en vigueur.

Le site PROPLUVIA présente sous forme cartographique à l’échelle nationale les niveaux de restriction par secteur et met aussi à disposition les arrêtés de restrictions en vigueur.

Pour en savoir plus sur le sujet de la gestion de la sécheresse dans la région.

   

Rejets dans l’eau

L’activité humaine est aussi responsable de nombreux rejets de substances dans l’eau et les milieux aquatiques. En premier lieu, les substances susceptibles d’être rejetées doivent être connues, et ensuite maîtrisées, canalisées et traitées pour ne pas être à l’origine de pollutions. Chaque installation a ses propres procédés, qui mettent en œuvre et produisent des substances, et s’inscrivent dans un environnement avec ses contraintes et enjeux (nappes, cours d’eau…). L’approche doit donc être faite individuellement et conduit à prescrire aux exploitants des actions spécifiques de maîtrise, surveillance et de réduction des pollutions.

   
Source : Laurent Mignaux Terra, Rejet d’une exploitation

   

Les principales substances rejetées dans l’eau et leurs effets :

Les matières en suspension : Les matières en suspension sont des matières minérales et organiques insolubles en suspension. Elles ont un impact sur le milieu naturel en entraînant une réduction de la production photosynthétique par augmentation de la turbidité et un colmatage des branchies des poissons. Les principales activités concernées sont l’agro-alimentaire, les industries minérales et extractives, la chimie et parachimie, les activités humaines en général (ex : eaux résiduaires urbaines).

La matière organique : Elle réduit les quantités d’oxygène dissous dans le milieu aquatique et peut conduire à l’asphyxie des organismes qui y vivent. Les rejets sont dus notamment à l’agroalimentaire, à l’industrie du bois, carton, papier, au textile, à la chimie, au traitement des déchets. La demande chimique en oxygène (ou DCO) permet d’évaluer la charge globale en polluants organiques d’une eau (ainsi que la matière minérale oxydable).

   
Source : Arnaud Bouissou Terra, Prélèvement d’eau à l’aide d’un préleveur à immersion verticale dans un étang

   

L’azote (N) : Il perturbe la production d’eau potable et favorise l’eutrophisation des écosystèmes aquatiques. Les formes réduites, azote organique, ammonium (\(NH_4^+\)) et ammoniac (\(NH_3^+\)), favorisent la croissance d’algues qui en se décomposant consomment l’oxygène dissous. Sous forme ammoniacale (\(NH_3^+\)), l’azote est toxique pour les poissons. A forte dose, les nitrates (\(NO_3^-\) ) engendrent un empoisonnement du sang (méthémoglobinémie). Sous l’action d’une bactérie présente dans le corps humain, les nitrates sont réduits en nitrites (\(NO_2^-\)). Ces derniers oxydent l’hémoglobine du sang qui ne peut plus fixer l’oxygène (cyanose). Les nourrissons y sont particulièrement sensibles. L’azote perturbe donc la production d’eau potable. Ces rejets sont d’abord issus de l’agriculture et des eaux usées. Dans l’industrie, ces rejets sont issus notamment de la chimie, la parachimie et l’agro-alimentaire.

Le phosphore (P) : Les rejets de phosphore provoquent une eutrophisation des écosystèmes aquatiques. Les élevages, l’agro-alimentaire et l’industrie de détergents sont souvent à l’origine de ces rejets.

   
Source : Laurent Mignaux Terra, Eutrophisation de l’eau

   

Le mercure (Hg) : Le mercure fait partie de la catégorie des métaux lourds. Il engendre une bio-accumulation tout au long de la chaîne alimentaire. Chez l’homme, il peut être à l’origine de maladies rénales, psychosomatiques et cardiaques. Il est rejeté notamment par les activités de chimie et de pétrochimie, et en particulier par les industries du chlore.

Le plomb (Pb) : Le plomb fait partie de la catégorie des métaux lourds. C’est un polluant responsable en particulier du saturnisme. Suivant la dose reçue, il peut ainsi provoquer un retard intellectuel chez l’enfant ainsi que des troubles rénaux et cardio-vasculaires. Le plomb est utilisé pour les batteries d’accumulateurs en particulier pour l’automobile, les tuyauteries, les soudures, les peintures anti-corrosion et les munitions.

Le chrome (Cr) : Il est toxique pour les végétaux et les organismes dits inférieurs (bactéries, algues). Chez l’homme, il peut provoquer une irritation de la peau et des muqueuses et des atteintes hépato-rénales. Une forme particulière du chrome, le chrome hexavalent (CrVI), est mutagène, cancérogène et reprotoxique. Les rejets principaux sont à chercher du côté des traitements de surfaces, de l’industrie des métaux et de la chimie.

Le cadmium (Cd) : Le cadmium fait partie de la catégorie des métaux lourds. Le cadmium et beaucoup de ses dérivés sont classés cancérigènes de catégorie 1. L’intoxication au cadmium peut se faire de manière aiguë ou chronique, avec des lésions essentiellement pulmonaires, osseuses et rénales. Il est notamment utilisé pour les accumulateurs électriques (« piles rechargeables) ainsi qu’en tant que cadminage anti-corrosion dans l’aéronautique.

Qu’est-ce qui est mis en place pour empêcher et réduire la pollution industrielle de l’eau ?


Pour faire face aux substances dangereuses pour les milieux aquatiques, la Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE) fixe des objectifs environnementaux visant, notamment, au bon état des milieux aquatiques, apprécié sur des critères écologiques et chimiques pour les eaux de surface, et sur des critères chimiques et quantitatifs pour les eaux souterraines.
L’évaluation de l’état est effectuée à l’unité spatiale de la masse d’eau, principalement à partir de données acquises dans le cadre de l’application de l’arrêté du 25 janvier 2010 établissant le programme de surveillance de l’état des eaux. Les méthodes et critères d’évaluation sont définis dans un autre arrêté du 25 janvier 2010. Ces arrêtés du 25 janvier 2010 ont été modifiés, notamment pour intégrer les exigences de la directive relative aux substances (2013/39/UE) et les avancées scientifiques et techniques tout en développant les synergies avec d’autres surveillances.
L’annexe 8 de l’arrêté du 25 janvier 2010 modifié (relatif aux méthodes et critères) donne la liste des polluants concernés et les normes de qualité environnementales correspondantes. Les rejets des substances prioritaires doivent être progressivement réduits, et pour les substances dangereuses prioritaires, les rejets doivent être progressivement supprimés.
Le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), document de planification au niveau du bassin hydrographique, fixe les objectifs de qualité et de quantité des eaux et les orientations permettant de satisfaire à une gestion équilibrée et durable de la ressource en eau à l’échelle de ce bassin. Le SDAGE est élaboré et adopté par le comité de bassin, en concertation avec les acteurs de l’eau du bassin et avec une consultation du public. Il est ensuite approuvé par le préfet coordonnateur de bassin. Il doit être mis à jour tous les 6 ans.

L’action nationale de recherche et de réduction des rejets de substances dangereuses dans l’eau (RSDE) a permis de compléter la connaissance sur les rejets des ICPE et d’encadrer les rejets des substances dangereuses afin d’intensifier leur suivi et de fixer les valeurs limites d’émission. Le programme de surveillance de l’état des eaux permet alors de contrôler les progrès vers le bon état des eaux et l’atteinte des objectifs du SDAGE. Ces objectifs encadrent l’action des exploitants et ainsi donc des inspecteurs, qui ont l’objectif de contrôler le respect de la réduction ou suppression de certaines émissions de substances dans l’eau.

   

Source : Bouissou/Terra, Activité portuaire du Port du Golfe de Fos à Port-Saint-Louis-du-Rhône

   

2.4 - Déchets : quelle est la situation régionale ?

Quels sont les différents types de déchets ?

Les déchets sont classés selon 2 types, les Déchets Non Dangereux et les Déchets Dangereux :

  • Les Déchets Non Dangereux (DND) concernent les ordures ménagères, déchets organiques, matériaux recyclables ou encore gravats. Depuis 2015, se sont ajoutés au régime des ICPE les installations de stockage de Déchets Inertes. Les déchets inertes sont également non-dangereux pour la santé ou l’environnement. Ils concernent les déchets qui ne se décomposent pas, ne brûlent pas, ne produisent pas de réaction chimique quelconque. Il s’agit en majorité de déchets provenant du secteur du bâtiment et des travaux publics (ex. terre, cailloux, gravats).

  • Un Déchet Dangereux (DD) est caractérisé par sa dangerosité vis-à-vis de l’environnement et de la santé (ex. produits ménagers chimiques, déchets médicaux, véhicules hors d’usage). Les déchets dangereux produits par les « gros producteurs » (> 2 tonnes de déchets par an) sont déclarés annuellement dans la base de données nationale Gerep. Les autres déchets dangereux sont produits par les ménages, les activités artisanales, les administrations, les établissements scolaires et par certains industriels (< 2 tonnes par an). Les déchets dangereux font l’objet de règles de gestion particulières (traçabilité avec Trackdéchets et mode de traitement) en raison des risques d’impact environnemental et sanitaire associés à leur manipulation.

   

   

Les installations de traitement de déchets dans la région

Les installations concernées par la gestion des déchets incluent les centres de tri, les installations de compostage de biodéchets, les unités de valorisation énergétique, les installations stockages de déchets, les plateformes de recyclage/valorisation…. Ce sont toutes ces structures, classées ICPE, que l’inspection des installations classées est amenée à contrôler.

   

\(^{1}\) : Incinération avec valorisation énergétique

\(^{2}\) : ISDND : Installation de stockage de déchets non dangereux

\(^{3}\) : TMB : Traitement Mécano-Biologique

   

Contexte national

La prévention des déchets a été introduite dans la loi française dès 1975. Elle a connu un élan important à partir de février 2004 avec un premier Plan national de prévention de la production de déchets, établi de façon volontaire par le ministère chargé de l’environnement, ainsi que par le plan d’actions déchets 2009-2012, qui fixait comme objectif de réduire de 7% la production d’ordures ménagères et assimilées (OMA) par habitant entre 2008 et 2013. Depuis, la réglementation européenne (Directive 2008/98/CE sur les déchets) impose à tous les États membres d’avoir mis en place de tels plans. L’article L. 541-11 du code de l’environnement intègre cette obligation dans la législation nationale. Cette directive reprend et affirme les orientations majeures de la politique de gestion des déchets et énonce la hiérarchie des déchets qui doit être mise en œuvre dans la politique des différents État-membres (repris au L. 541-1 du CE) :

  • prévenir la production de déchets ;
  • préparer les déchets en vue de leur réemploi ;
  • les recycler ;
  • les valoriser ;
  • les éliminer de manière sûre et dans des conditions respectueuses de l’environnement.

Depuis 2015 et la parution de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (TEPCV), la politique française de prévention des déchets s’intègre aussi dans le cadre plus large de la transition vers l’économie circulaire et l’utilisation efficace des ressources, pour permettre la mutation de notre économie vers un mode plus économe en ressources mais restant porteur de croissance économique. Publiée en 2018, la feuille de route pour l’économie circulaire (FERC) décline de manière opérationnelle la transition à opérer pour passer du modèle économique actuel « fabriquer, consommer, jeter » à un modèle circulaire. La FREC fixe 50 mesures visant à repenser le cycle de vie des produits, de leur écoconception à la gestion des déchets, en passant bien évidemment par leur consommation en limitant les gaspillages.  Ces mesures sont renforcées par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, votée en février 2020, qui fait de la prévention et de la gestion des déchets un enjeu primordial. La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire entend ainsi accélérer le changement de modèle de production et de consommation afin de limiter les déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat. Elle vise à transformer notre économie linéaire (produire, consommer, jeter) en une économie circulaire et pour ce faire, se décline en cinq grands axes :

  • sortir progressivement du plastique jetable ;
  • mieux informer les consommateurs notamment pour rendre le tri à la source plus efficace ;
  • lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire (limiter le gaspillage alimentaire, valoriser les biodéchets ;
  • favoriser la réutilisation…) ;
  • agir contre l’obsolescence programmée (faciliter la réparation) ;
  • mieux produire (écoconception, gestion des déchets de production, écocontribution…).

Elle fixe de nouveaux objectifs chiffrés pour les années à venir.

   

Contexte local    

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur présente un retard certain en matière de réduction de la production de déchets ainsi que de tri de ces déchets : ainsi, en 2021 (dernières synthèses actualisées), la collecte des déchets ménagers et assimilés représente 729 kg/hab (704 kg/hab. en 2020), ce qui est largement supérieur à la moyenne nationale (611 kg/hab). La fraction résiduelle, ne pouvant faire l’objet d’une valorisation matière, est elle aussi supérieure à cette moyenne nationale (363 kg/hab contre 246 kg/hab).

Une proportion importante de déchets d’activités économiques (DAE) est encore collectée par les services publics d’enlèvement des déchets sur le territoire régional et peut expliquer en partie cet écart, tout comme les déchets produits par le tourisme. La situation est ainsi particulièrement tendue sur la gestion finale des déchets, avec une production supérieure à la capacité des incinérateurs et décharges de la région impliquant de fait des exports extrarégionaux (Occitanie, AURA).

Les objectifs fixés par la LTECV en matière de déchets (notamment réduction de la mise en stockage), et traduits dans le SRADDET régional, ne seront vraisemblablement pas atteints en 2025 en dépit notamment de l’extension des consignes de tri effective depuis le 1er janvier 2023.

En matière de déchets inertes et déchets d’activité économiques, des pratiques déviantes ont pu être observés ces dernières années, sans doute en lien avec cette tension sur les exutoires. Ainsi, plusieurs affaires à retentissement médiatique national ont conduit l’inspection des installations classées de la DREAL PACA, qui place la lutte contre les trafics de déchets en priorité de son action, à mener des actions spécifiques et à se structurer en conséquence.

De manière générale, sur le volet déchet, l’inspection des installations classées s’assure du respect de ces réglementations. Outre son intervention dans les installations de traitement de déchets, elle peut également se rendre auprès des producteurs de déchets (tenu responsable au même titre que le détenteur de déchets), comme ce fut le cas auprès des grossistes de vaisselles jetables pour s’assurer du respect de l’interdiction de vente de vaisselles plastiques.

Elle veille en outre à la bonne déclinaison du volet déchets du SRADDET et s’efforce d’instruire diligemment les demandes d’autorisation (ou d’enregistrement) en la matière.

La lutte contre les filières illégales de traitement de déchets

La DREAL PACA lutte, depuis plusieurs années, contre des pratiques illégales d’ampleur croissante en matière de gestion des déchets pouvant s’apparenter à des trafics :

  • décharges sauvages de déchets du BTP dans des espaces naturels ou agricoles ;
  • enfouissement de déchets valorisables en décharges autorisées ;
  • exploitation illicite de casses automobiles ;
  • exploitation irrégulière ou non conforme d’installations de tri-transit­ regroupement de déchets d’activité économique en mélange et sans gérer correctement la fraction de déchets économiquement désavantageuse (stockée sur place, évacuée dans des filières illicites…).

Les perspectives concernant les trafics de déchets : la DGPR et les préfectures reconnaissent l’ampleur du phénomène en PACA, et ont octroyé des moyens supplémentaires à la DREAL pour renforcer son action sur ce sujet. Deux renforts ont été alloués par la DGPR à la DREAL et sont positionnés dans deux Unités Départementales (UD-13 et UD-84) mais dans une posture interdépartementale (offre de service à toutes les UD sur les affaires de trafics de déchets). Le service prévention des risques (SPR) de la DREAL coordonne au niveau régional l’action de ces deux agents.

Décharges sauvages

Des activités massives d’enfouissement frauduleux de déchets (principalement inertes) ont été mis en évidence dans le Var, en provenance de ce département ou de départements limitrophes, et ont conduit à mener plusieurs opérations d’envergure sous l’égide du parquet de Draguignan (dont l’opération nommée « Terres brûlées » qui a eu un retentissement national). Notamment pour ce qui est de « Terres brûlées », l’UD83 de la DREAL a été fortement mobilisée pendant les 5 années de procédure concernant 13 sites illégaux : il a produit 33 PV de délits, contribué aux enquêtes des services spécialisés et fait aboutir 16 arrêtés préfectoraux de sanctions administratives. Au terme de cette opération, 11 prévenus et 7 sociétés ont été jugées, aboutissant à plusieurs condamnations à de la prison ferme et à la saisie de plus de 3 millions d’euros. Les opérations de remise en état sur ces fonds, sous la responsabilité de l’État, seront lancées dans les prochains mois.

   

   

FOCUS 2022 : Opération « Table Rase » - Lutte contre la gestion délictueuse de déchets

Exploitation illégale de centre de tri – détournement de procédures de déclaration

Dans le contexte de fermeture des frontières lié aux confinements depuis mars 2020, la région PACA a vu se développer de nombreuses ICPE illégales de tri–transit–regroupement de déchets non dangereux. Ainsi, et sous couvert d’une simple déclaration, des sites collectent et stockent des quantités très importantes de déchets en mélange (plastique, bois, ferraille…) allant jusqu’à 50 fois le seuil maximal de la déclaration, fixé à 1 000 m3.

Ces installations présentent des risques incendie importants du fait du potentiel calorifique des déchets et, dans certains cas, de la proximité d’enjeux sensibles (ERP, site SEVESO…), ainsi qu’un potentiel de risque chronique par pollution des eaux et des sols.

En réponse, l’opération « table rase » a été engagée par les services de l’État (pilotage DREAL PACA), début 2022, pour lutter contre la recrudescence de ces trafics de déchets non dangereux et non inertes ayant conduit au développement de stockages conséquents, notamment dans des entrepôts, en méconnaissance des mesures élémentaires de prévention des risques. Une vingtaine de sites de cette nature ont été recensés à fin 2022 en région PACA - principalement dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse.

   

   

Le déploiement d’une action « coup de poing » pour mettre un coup d’arrêt au développement de pratiques délictueuses de gestion de déchets (remplissage d’entrepôts industriels locatifs avec des DAE sous couvert d’une fausse activité et disparition lorsque l’entrepôt est plein ou que les pouvoirs publics s’en mêlent) allie :

  • Mobilisation de tous les acteurs (dont fédérations) pour le recueil de signalements

  • Anticipation par analyse en préfecture des dépôts de déclarations pour gestion de tri/transit/regroupement de déchets ;

  • Inspections systématiques en présence police/gendarmerie à réception des signalements ou déclarations, proposant :

    • Mesures conservatoires pour faire cesser les apports et réduire le risque d’incendie et d’atteinte à l’environnement ;
    • Mises en demeure déchets et ICPE en vue de suppression ;
    • PV de délit, parfois avec constat de flagrance ;
    • Sanctions administratives (amendes, consignation).

  • Enquêtes approfondies pour remonter les filières (OCLAESP, PN, gendarmerie) menant à des mises en examen (dont certaines avec détention provisoire), en attente de sanctions pénales ;

  • Communication (presse, fédérations…).

Cela a abouti à : 25 sites, plus de 50 inspections, plus de 20 procès-verbaux, plus de 50 Arrêtés Préfectoraux (mise en demeure, mesures conservatoires, sanctions), plusieurs sites débarrassés des déchets, des saisies de matériel, plusieurs gardes à vues et mises en examen (avec détention provisoire).

   

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Si certains stocks ont pu être désentreposés de leurs déchets dans le cadre de la procédure administrative (évacuation en filière autorisée par les exploitants des ICPE ou les propriétaires des sites occupés), d’autres sont toujours dans la configuration initiale de début 2022 et présentent donc des risques d’incendie et de pollution plus ou moins importants. Une action de l’Etat est engagée en vue de traiter les sites les plus à risques.

Les perspectives concernant les trafics de déchets : la DGPR et les préfectures reconnaissent l’ampleur du phénomène en PACA, et ont octroyé des moyens supplémentaires à la DREAL pour renforcer son action sur ce sujet.

2.5 - Sols : quelle est la situation régionale en matière de pollution des sols ?

Un site est considéré comme pollué dès lors que dans le sol, le sous-sol ou les eaux souterraines, ont été identifiés des produits altérant ou compromettant leur qualité et leur bon usage ; cette pollution étant susceptible de provoquer une nuisance ou un risque à long terme pour les personnes et/ou l’environnement.

Plusieurs décennies d’activités industrielles, exercées dans des conditions précaires de protection de l’environnement, ont laissé un héritage lourd en matière de pollution du sol et du sous-sol. Il s’agit généralement d’anciens sites industriels, d’anciens dépôts de déchets, ainsi que des conséquences des retombées, des infiltrations ou des déversements issus de ces établissements. Cependant, aujourd’hui la surveillance des effets sur l’environnement fait partie intégrante du dispositif de maîtrise des impacts que les exploitants doivent mettre en œuvre dans leurs installations.

Depuis le 1er octobre 2020, lnfoSols, une plateforme unique à destination de l’Etat pour mener l’action publique sur les terrains (potentiellement) pollués a harmonisé les données issues de BASOL (inventaire historique des sites industriels et activités de service), SIS (base de données d’information sur les sols) et BASIAS (base des sites pollués ou potentiellement pollués qui appellent une action de l’administration) afin de les mettre également à disposition du grand public dans le portail Géorisques.

Dans le cadre de la gestion des sites et sols pollués, la démarche implique la prévention des pollutions futures, la mise en sécurité des sites nouvellement découverts, la connaissance, la surveillance et la maîtrise des impacts, le traitement et la réhabilitation en fonction de l’usage. L’inspection des installations classées vérifie la mise en œuvre effective des mesures préventives et curatives de lutte contre les pollutions : rétention des fluides susceptibles de polluer les eaux, entretien, surveillance des installations et des milieux, travaux de dépollution… Dès qu’un industriel dépose une nouvelle déclaration ou demande d’autorisation d’ICPE, le cadre général de remise en état à la fin de l’exploitation est précisé, et dans les cas d’industries les plus polluantes (IED, déchet…) des garanties financières doivent être établies pour pallier à une éventuelle défaillance et permettre la gestion de la fin d’activité. Une pollution résiduelle peut persister dans la mesure où l’exploitant démontre sa compatibilité avec un usage futur. Les restrictions d’usages d’une zone polluée sont instaurées par des Servitudes d’Utilité Publique. La base de données Infosols est utilisée pour avoir connaissance des sites affectés par un épisode de pollution avérée et adapter les usages et aménagements de ces sites, dont les effets ne peuvent être totalement résorbés. Après avoir pris connaissance des sources de pollution, du transfert des polluants et des enjeux, l’approche s’appuie principalement sur deux outils méthodologiques :

  • L’interprétation de l’État des Milieux (IEM), afin de vérifier la compatibilité entre l’état du milieu et les usages existants et déterminer si les milieux portent la marque d’une pollution significative attribuable à une activité industrielle. Si des voies de transfert existent vers une population exposée, l’IEM intégrera une Évaluation du Risque Sanitaire (ERS) pour détecter les mécanismes de transfert et quantifier les effets sur la santé et l’environnement ;
  • le Plan de Gestion (PG), permettra, lui, de planifier une démarche de dépollution et/ou d’adaptation des usages, rendue nécessaire par une dégradation du milieu incompatible avec les usages actuels ou futurs. Ce plan peut être requis à l’occasion de la cessation d’activité d’une ICPE. Le Plan de Gestion définit les travaux nécessaires pour réhabiliter le site et/ou les mesures de restriction d’usage du sol (servitudes ou conventions) contenant une pollution résiduelle. Lorsque le plan de gestion ne prévoit pas de supprimer toute possibilité d’exposition, une Analyse des Risques Résiduels (ARR) doit être conduite pour valider les choix opérés.

   

Focus : Dépôts anciens de matériaux polluants dans le parc national des Calanques    

Le littoral sud de Marseille, entre Mont Rose et Callelongue, a connu une intense activité industrielle au XIXème siècle et jusqu’au début du XXème siècle, à l’origine de dépôts anciens de matériaux et induisant des pollutions aux métaux susceptibles de dispersion. Face à cette menace, l’Etat a engagé en 2012 une démarche de sécurisation de ces dépôts confiée à l’ADEME et à laquelle les collectivités locales (Ville, Métropole, conseil départemental) se sont rapidement associées. La définition des opérations à conduire s’est avérée complexe, notamment en raison des impératifs de préservation de l’environnement (paysage, biodiversité) et du cadre d’intervention, les sites étant implantés au sein du Parc National des Calanques. Cependant, fort du financement collégial des partenaires et après obtention des autorisations requises, l’opération devrait être lancée en 2024.

Source : ADEME, dépôt de scories dans la calanque de Saména, Marseille

Qu’en est-il si je veux construire sur un ancien site industriel ?

Dans le cadre de la mise en arrêt définitif d’une installation, le code de l’environnement impose la mise en sécurité dans les meilleurs délais de l’installation puis sa réhabilitation. Cela nécessite de caractériser les zones de pollution, d’interpréter l’impact de ces pollutions sur l’environnement et les populations, de mettre en place un plan de gestion pour programmer la démarche de dépollution et l’adaptation ou la restriction des usages sur ce site, et enfin de maintenir un suivi du site. Pour de futures constructions ou la reprise du terrain d’une ancienne installation industrielle, afin de garantir l’absence de risques sanitaires et favoriser la réalisation des projets, les projets d’aménagement doivent intégrer, dès leur conception, le risque de pollution des sols et des eaux souterraines ainsi que les opérations de dépollution nécessaires pour rétablir la compatibilité entre l’état des sols et l’usage envisagé. Dans ce même objectif, la loi ALUR demande que l’Etat élabore des Secteurs d’information sur les Sols (SIS). Il s’agit de fiches faisant état des terrains où la connaissance de la pollution des sols justifie la réalisation d’études de sols et la mise en place de mesures de gestion de la pollution pour préserver la sécurité, la santé ou la salubrité publique et l’environnement. Ces fiches répondent à 2 enjeux :

  • Informer le public : les acquéreurs/locataires doivent être informés sur l’état des risques naturels, miniers et technologiques mais aussi sur la pollution des sols pour les terrains répertoriés en SIS ;
  • Assurer la compatibilité d’un terrain avec son futur usage : pour l’octroi du permis de construire ou d’aménagement d’un terrain situé sur un SIS, la demande doit contenir une attestation, délivrée par un bureau d’études certifié dans le domaine des sites et sols pollués, ou équivalent. Cette attestation garantit la réalisation d’une étude de sol ainsi que la prise en compte des préconisations de cette étude pour assurer la compatibilité entre l’état des sols et l’usage futur du site.

La DREAL PACA est en charge du recensement des terrains sur lesquels sont institués des secteurs d’informations sur les sols (SIS). Depuis 2019, les préfets révisent périodiquement la liste des secteurs d’informations sur les sols, notamment sur la base des informations relatives à l’état des sols (résultats des sondages des sites).